Les graminées

08.05.2020

Fiche Equipédia


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Les graminées

Les graminées ou Poacées constituent la base du couvert végétal des prairies. D'après une étude réalisée en France (Pottier et al. 2012) sur la flore présente dans les prairies permanentes, 77 % des espèces végétales recensées sont des graminées. Le gradient de diversité végétale d'une prairie (toutes plantes comprises) se situe entre 10 à 40 espèces différentes selon les parcelles étudiées.

par Pauline DOLIGEZ

 

Quelles sont les espèces prairiales composant la prairie ?

Une prairie est qualifiée de multi-espèces lorsqu'elle comprend au moins trois espèces différentes de deux familles différentes. Les prairies multi-espèces assurent une production plus régulière sur l'année et sont davantage résistantes aux aléas climatiques. Trois grandes familles composent la flore prairiale :

Les graminées ou poacées

Les plantes monocotylédones comme les graminées sont utilisées pour l'alimentation animale, sous forme de pâturage ou de fourrages. Elles peuvent être semées en prairie temporaire, en culture pure, en mélange ou en association avec une légumineuse fourragère (ex : trèfle) ou encore constituer le fond des prairies naturelles. Ce groupe, très homogène, se caractérise par une tige creuse, cylindrique à feuilles allongées, engainantes, à inflorescence en épi ou en panicule, composée de petites fleurs verdâtres disposées en épillets.

Les légumineuses ou fabacées

De la famille des dicotylédones, elles fixent l'azote atmosphérique et ont une valeur nutritive intéressante (riche en protéines MADC).

Les plantes diverses

Toutes espèces non-graminées et non-légumineuses, ce sont des dicotylédones et quelques monocotylédones. Elles sont parfois considérées comme indésirables à « mauvaises herbes » dans les prairies.

 

Stades de développement d'une graminée et évolution des valeurs alimentaires

Phase végétative stade herbacé ou feuillu

La plante est essentiellement constituée de feuilles très bien consommées et riches en sucres solubles et protéines. Le taux de cellulose (fibres) est faible, les valeurs nutritives sont élevées UFC (énergie) et MADC (protéines).

Une des particularités des graminées est la multiplication végétative par tallage. Le tallage est une production de feuilles et de bourgeons foliaires, associée à l'émission de racines. La plante s'étoffe par la base pour développer une touffe feuillue à la base du sol.

Phase reproductive - ébauches florales, montée à graines

Les tiges s'allongent et durcissent (la fibrosité ou cellulose brute augmente), les valeurs nutritives diminuent progressivement UFC (énergie) et MADC (protéines).

 

Exploitation des graminées

Si on fauche les épis, la pousse est uniquement feuillue sur les espèces non remontantes (qui épie une seule fois par an comme la fétuque, le dactyle, le Ray-Grass anglais). Si la plante reste épiée, elle ne pousse plus, elle devient dure et finit par être refusée.

En maintenant le stade feuillu par le pâturage, on favorise le tallage et la repousse, ce qui permet d'exploiter 3 à 7 cycles de pousse de l'herbe par saison.

Après une fauche ou un pâturage à une hauteur de 3 à 5 cm, l'herbe est feuillue et de bonne qualité mais la repousse sera lente. Une hauteur de 8-9 cm après exploitation par la fauche ou le pâturage, nécessite un retour rapide des animaux sur la parcelle pour limiter la montée à épi et la senescence (mort) des feuilles.

Mauvaises gestions des graminées

Sous-pâturage

Il se caractérise par la présence d'herbe non consommée. On retrouvera des débris : les feuilles âgées meurent, les bases des tiges se dessèchent et des maladies apparaissent. L'accumulation de matière morte nuit à la prairie et aux animaux. La pousse suivante est ralentie par le manque d'accès des jeunes talles à la lumière. Des tiges avancées qui montent à épi deviennent plus ligneuses et ne sont plus consommées par les chevaux (parties de zones de refus). 

Une fauche de ces zones permet de faire repartir la végétation à la base en favorisant le tallage.

Sur-pâturage

Il apparaît lorsque la quantité d'herbe offerte est faible et que les chevaux sont maintenus longtemps sur la même surface. L'herbe rase est d'autant plus recherchée car elle est riche en sucres et matières azotées. La base des tiges contenant les réserves glucidiques nécessaires à la croissance est éliminée par le pâturage très ras. L'arrachage de certains pieds par les dents et le piétinement excessif entraîne un retard de la reprise de croissance voire une dégradation totale des plantes. L'installation d'adventices (mauvaises herbes, plantes diverses, plantes à rosette : pâquerette, porcelle, plantain) est observée.

 

Classification des graminées selon l'indice de qualité fourragère

Les graminées peuvent être classifiées selon un indice de qualité fourragère qui tient compte de la valeur nutritive de l'espèce et de sa capacité à produire pour l'alimentation des herbivores (Référence : Hubert et Pierre 2003, d'après Duelpech 1968).

 

Préférence des chevaux pour les graminées

Les chevaux ont une préférence pour les graminées par rapport aux autres espèces variétales (légumineuses, plantes diverses). Ils ne semblent pas posséder de mécanismes de détoxification des métabolites secondaires présents dans les dicotylédones comme les bovins. Ils exploitent donc préférentiellement les graminées au sein d'une prairie.

Les espèces les plus appréciées sont dans l'ordre de préférence :

  • n°1 : le ray-grass, la fétuque des prés, la fétuque rouge
  • n°2 : le pâturin, le dactyle, l'agrostide vulgaire, la fléole
  • n°3 : le vulpin, la houlque laineuse, le brome

Cependant, lors d'une rénovation par exemple, le choix des espèces pour le pâturage ou la fauche ne doit pas être établi uniquement en fonction de la préférence des chevaux. Le type de sol (séchant ou hydromorphe), le climat sont aussi des facteurs importants à prendre en compte.

La clé de détermination des principales graminées prairiales établie par le GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences) permet de reconnaître les espèces prairiales au stade feuillu selon les critères (type de préfoliation, présence d'oreillettes, de ligules, présence de stries, couleur...). Téléchargez ici la clé de détermination.

 

Exemples de quelques graminées

Descriptions extraites de Hubert F. et Pierre P., 2003, Guide pour un diagnostic prairial, Chambre d'Agriculture Pays de Loire.

  • Ray-grass anglais : espèce gazonnante, productive, très appétente, mais exigeante, aime les bonnes terres et la fertilisation 
  • Fétuque élevée : espèce de grande taille, productive, au feuillage plutôt rugueux et rigide, facile à exploiter en fauche mais fait un foin dur mais bien consommé.
  • Dactyle : espèce productive, de bonne qualité fourragère, mais il peut être refusé rapidement lorsque le stade est avancé (épié).
  • Vulpin : « queue de renard », espèce qui épie en premier (début avril), supporte les sols non portants, très productive. Les feuilles vite atteintes de rouille sont alors refusées.

  • Pâturin annuel : espèce de petite taille, peu productive, indicatrice de surpâturage et/ou tassement.
  • Houlque laineuse : espèce productive et robuste, vite atteinte de rouille, la mort des feuilles diminue son appétence jusqu'à être refusée au stade avancé. Prolifère sur les sols peu portants, le foin est mou, poussiéreux et de qualité moyenne.
  • Brome stérile : peu d'intérêt fourrager, monte vite à épi, durcit rapidement et est ensuite refusé au pâturage.
  • Crételle : peu d'intérêt fourrager, assez bien pâturée mais les tiges épiées sont vite refusées. Souvent présentes dans les vieilles prairies surpâturées.

 

En savoir plus sur nos auteurs

Pauline DOLIGEZ Ingénieur de développement IFCE

 

Bibliographie

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